Ce cycle d’évènements queer devait avoir lieu du 6 au 10 octobre 2020 au Kabaret Sat Maron/CDNOI (St-Denis/Réunion). Il est reporté à une date actuellement indéfinie, restez informé·e·s via nos réseaux !

La semaine requeer

En s’installant du 6 au 10 octobre au CDNOI, requeer : Mouvements de résistances & d’émancipations propose des espaces/temps aux pensées queer, féministes et décoloniales : un carrefour où se rencontrent de multiples propositions afin de permettre l’émergence de nouvelles dynamiques de pensées.

Durant cette semaine d’activation il s’agirait de conscientiser un public autour des nouvelles problématiques queer sud. Fabriquer de nouvelles archives faisant état des lieux de la pluralité des pensées actuelles au sujet du queer & féminisme décolonial. Créer des connections entre plusieurs disciplines : art, sociologie, cinéma… Donner de la visibilité sur les problématiques liées aux discriminations contre les LGBTQI++.

Durant 5 jours, requeer propose une programmation d’évènements et active simultanément différents dispositifs : Rent dann ron ! (table ronde), les manj debout (tables hautes), les Lip Sync de la pensée, l’exposition « Créoqueeriser la création artistique », de la médiation, une scène performative ouverte Body Politic, un workshop « Queer yourself », la projection du film « 120 battements par minute » de Romain Campillo.

Un temps pour former un ‘ »nous’’ puisque le queer est avant tout la réunion de corps refusant toutes normes excluantes. Une opportunité pour être ensemble et créer cet amour, entre nous, puisque le monde ne veut nous donner l’amour que nous méritons.

requeer participe aux rencontres professionnelles des Électropicales 2020 (9-11 octobre), et continue en nocturne sur le dance-floor. L’occasion pour nous de considérer la fête comme espace de contre- pouvoir où l’on se joue de l’orde du quotidien. Un temps de collectivité où les normes sont subverties tout en créant de nouvelles interactions. Véritable safe-space favorisant la visibilité des corps à l’intersection de multiples oppressions. Et si la danse était envisagée comme une pratique de résistance ? Comme une entrée pour s’extraire de la performance du genre ?

requeer accueille également la Journée de sensibilisation aux problématiques d’identité sexuelle et de genre, et aux discriminations contre les personnes LGBTQI++ du CRCSUR (Centre de Ressources Cohésion Sociale et Urbaine à La Réunion).

Le contexte

Si les générations LGBTQQIP2SAA+ précédentes ont été frappées de plein fouet par l’épidémie du sida, provoquant un autre rapport au corps, un autre rapport social, à la vie et à la sexualité, une jeune génération accueille et développe aujourd’hui, dans le monde « des « futurités utopiques » que les relationnalités queer travaillent à faire advenir par l’art et les sociabilités alternatives et communautaires. »

En parallèle de la loi autorisant le mariage de personnes du même sexe, et toutes les avancées sur la transidentité, des paroles et des actes haineux se sont sentis autorisés à réapparaître dans la sphère publique. Un certain recul des libertés individuelles semble sévir dans la zone indianocéanique, où les replis communautaires mettent en péril les avancées certaines, politiques et légales, de la fin du XXe siècle.

Si La Réunion peut se vanter de son vivre-ensemble, elle fait face à une situation bien particulière concernant la diversité sexuelle et/ou des identités de genres. Au lendemain des multiples oppressions qu’a connues son île sœur – causant l’annulation de sa marche des fiertés – et face à l’existence d’une haine latente anti-LGBTQI++ à La Réunion, nous pensons qu’il est nécessaire de proposer de nouvelles formes de luttes.

À La Réunion, la quasi-inexistence d’une véritable communauté LGBTQI++ commence à devenir criante, et enferme encore trop d’individus dans une souffrante solitude, alors que des associations réfléchissent et travaillent, entre autre, à mettre en œuvre – enfin – un nouvel évènement des Fiertés.

L’île connaît des « spécificités » singulières aliénant la construction des identités : le contexte géographique, climatique, socio-économique, postcolonial, culturel et cultuel, empêche de calquer la pensée occidentale à ce territoire insulaire. Ainsi la mixité impose un nouveau mode de penser et ce, même si la mentalité reste fidèle aux principes des sociétés conservatrices.

Il nous semble essentiel et vital, aujourd’hui, de repenser ensemble des demains communs, de redéfinir une société plus égalitaire et inclusive; et de présenter le travail d’artistes, de chercheur.e.s, d’activistes & d’archivistes dont la pratique est fortement influencée par leur identité, leur genre et/ou sexualité.